La rivière d’Enoch O’Reilly

MURPHY Peter

En 1984, à Murn, en Irlande, la rivière inonde toute la vallée, après des pluies torrentielles. Les neuf cadavres découverts ensuite résultent de noyades comme de suicides. Pour expliquer cette hécatombe, il faut remonter aux années soixante, à l’étrange personnalité d’Enoch O’Reilly, séminariste renvoyé par son supérieur pour incroyance. Enfant unique d’un spécialiste radio, il a autrefois entendu dans la cave paternelle des messages étranges. Son père mort, il s’est éloigné, puis est revenu en imitateur d’Elvis Presley, son idole, et en prédicateur illuminé… Quels sont les itinéraires des autres disparus, et quel rapport avec ce déluge ? Premier roman traduit en français d’un musicien et journaliste possédant une grande culture biblique, ce texte très original, quasi surréaliste, mêle Écritures, prophètes, phénomènes irrationnels et cosmogonie irlandaise, dans un village bizarre en déclin. Les thèmes sont multiples : influence de l’environnement sur les êtres, tragédie d’un personnage centré sur lui-même, rivière comme métaphore de catastrophes causées par l’homme, suicide par noyade comme seule échappatoire au destin. Sur fond de musique rock se mêlent des allusions à des mythes anciens, évoquant Genèse, Apocalypse, fantômes gothiques… Un roman curieusement construit, cérébral, parfois burlesque, noir et déroutant, avec un certain talent d’écriture.