La rencontre

PESTRE Isabelle

Une nuit de juin, sur une petite route de campagne, Marie, au volant de sa voiture, n’a pas le temps d’éviter une bicyclette qui dĂ©boule face Ă  elle. TerrorisĂ©e, incapable mĂȘme d’appeler les secours, elle abandonne dans le fossĂ© la victime. Elle imagine, Ă  cause de ce vĂ©lo de course rouge, avoir percutĂ© un adolescent casse-cou. Et la voilĂ  dĂ©rivant au hasard, d’abord en voiture, puis Ă  pied sur les routes et chemins des pays de Loire. Sa vie de jeune femme d’affaires parisienne, sans amour vĂ©ritable ni liens familiaux lui paraĂźt dorĂ©navant insupportable. AprĂšs des jours d’errance, dĂ©munie, Marie se rĂ©fugie dans une ferme oĂč elle est briĂšvement tentĂ©e d’expier sa faute en rĂ©pondant Ă  l’amour fruste – et combien frustrant – de l’homme de la maison. Elle reprend alors la route et suit, comme malgrĂ© elle, l’injonction du « retour sur les lieux du crime ». LĂ , elle dĂ©couvre qui Ă©tait la victime de l’accident : une jeune femme un peu simple d’esprit, gardienne d’un grand parc plein de poĂ©sie. La nature et un jardinier tutĂ©laire semblent alors venir Ă  son secours
 Cette histoire de quĂȘte de soi, toute de dĂ©robades, d’aspirations mal dĂ©finies et de douleurs tues, confirme aprĂšs La onziĂšme heure (NB octobre 2011) un talent d’une exigence et d’une rare qualitĂ©. L’hĂ©roĂŻne croise d’autres destins, tous ont en commun d’ĂȘtre en attente d’amour, d’une vie qui fasse sens. Chacun voit son parcours se transformer et chaque Ă©volution s’inscrit dans la palpitation de la vie, la chaleur du soleil, le passage des saisons. Ainsi leur vĂ©ritĂ© semble-t-elle indissociable de la nature. On plonge avec beaucoup d’empathie dans le trĂ©fonds de ces Ăąmes fragiles et malmenĂ©es. Et c’est en mĂ©andres, comme le long fleuve de la vie, que la narration se coule, tout Ă  la fois poĂ©tique, fluide et elliptique dans les descriptions des lieux comme du quotidien. Une Ă©criture charnelle, enveloppante et terrienne, fait l’originalitĂ© du roman et sa richesse.