La relieuse du gué

DELAFLOTTE MEHDEVI Anne

« Au fil des feuilles »

 

« On ne frappe pas de cette façon à la porte d’un relieur », se dit Mathilde, récemment installée dans ce village de Dordogne. Un homme, la trentaine, taciturne et épuisé, trempé par la pluie, à l’odeur de feuillage, lui apporte un livre à restaurer en urgence. Sans laisser ni nom ni adresse, celui-ci s’en va. Renversé accidentellement par un camion devant la gare, il meurt sur le coup. L’ouvrage sentant la fumée, avec ses dessins et aquarelles d’un bâtiment gallo-romain en ruines, est aussi envoûtant que son propriétaire. La jeune Mathilde, aidée par les autres artisans, se met en quête des origines du livre et du bel inconnu.

 

Vie du bourg, charme de la campagne, joies cachées de la reliure sont décrits de façon attachante, les personnages secondaires, chaleureux ou déplaisants, ont de la présence et le déroulement des événements n’est pas forcément celui que l’on attend. La narration, simple, suit un fil conducteur linéaire, prend son temps, fait des pauses en aérant ses paragraphes, est ornée avec malice de citations du Cyrano de Bergerac de Rostand, oeuvre fétiche de la narratrice. Une belle écriture, une jolie histoire en demi-teinte sur la recherche du bonheur autour d’une héroïne volontaire, un premier roman réussi.

M.F. et M.H.J.