Là où l’on n’a pas pied

GENOVESI Fabio

Fabio a six ans en 1980 et va entrer à l’école. Seul enfant de la famille, iI vit entre son papa, sa maman et sa grand-mère en pleine campagne toscane, non loin de la mer et de la ville de Lucques. Rien que de très banal mais il a aussi – et surtout – quatre grands-oncles célibataires qui, depuis la mort de son vrai grand-père, le remplacent et veulent lui enseigner la « vraie vie ». Langage grossier, braconnage, entourloupes, combines en tout genre, alcool à gogo ; c’est l’ADN de ces énergumènes, grandes gueules en toute occasion ! Et pourtant l’enfant les adore ces « super-communistes ». La vie se poursuit tranquille, émaillée de petites aventures insolites et d’un quotidien savoureux. Fabio tout en se sentant différent des enfants rencontrés à l’école s’épanouit dans cet environnement hétéroclite et dans une admiration sans bornes pour son père capable de tout réparer. Mais bientôt un drame frappe la famille…     L’alliance entre le point de vue d’un enfant curieux, intelligent, très imaginatif et l’Italie profonde des années quatre-vingt est séduisante. Le talent narratif de l’auteur, comme dans son précédent roman, D’où viennent les vagues, fait le reste. Avec une inventivité inépuisable, il sait jouer de rapprochements cocasses, d’inversions de sens saugrenues, de contrepieds inopinés qui peuvent surgir d’un esprit enfantin, celui de ce charmant Fabio suivi pendant environ six années au sein de sa famille, de l’école primaire au collège. L’organisation du récit en chapitres assez brefs, comme autant de saynètes, confère au roman beaucoup de vivacité. Des têtes de chapitres imagées accompagnent la croissance de Fabio et son avenir de conteur « amoureux de la vie ». Une sorte de parcours initiatique avec une prise de conscience de la réalité qui le fait mûrir sans l’endurcir, bien au contraire. Naïveté, poésie et parti pris jubilatoire : avec une superbe écriture, un livre drôle et touchant dans la veine burlesque de Raymond Queneau.