La nostalgie du sang

CORRENTI Dario

Dans la rĂ©gion de Bergame, un journaliste fatiguĂ© et solitaire, menacĂ© d’une retraite anticipĂ©e, prend connaissance d’un atroce fait divers : la dĂ©couverte, au milieu d’indices rappelant un cĂ©rĂ©monial magique, du cadavre d’une femme Ă©ventrĂ©e portant des traces de cannibalisme. Le mode opĂ©ratoire conduit une jeune stagiaire du journal sur la piste d’un tueur en sĂ©rie, imitant Vincenzo Verzeni, le premier du genre en Italie au XIXe siĂšcle. Dario Correnti, pseudo cachant le nom des deux auteurs, organise ce premier roman en courts chapitres, alternant la description des crimes anciens au rituel compliquĂ©, celle de l’engrenage vĂ©cu par les futures victimes, mais aussi l’histoire personnelle des enquĂȘteurs, souvent lourde Ă  porter. Pris au piĂšge par l’évolution rĂ©cente du journalisme multimĂ©dia, ces deux laissĂ©s-pour-compte, le vieux journaliste expĂ©rimentĂ© et la jeune stagiaire aux intuitions fulgurantes, utilisent leurs Ă©checs cuisants pour bĂątir un tandem efficace. Le suspense habilement menĂ© donne toute sa place aux avancĂ©es permises par l’ADN et par les technologies de l’information. La description sociologique d’une rĂ©gion oĂč tout le monde se connaĂźt, mais oĂč la principale vertu est la rĂ©serve, laisse deviner bien des non-dits. MalgrĂ© quelques longueurs, ce policier original et attachant glorifie rĂ©flexion et expĂ©rience. (E.B. et A.-M.G.)