La Mémoire des os

KOFF Clea

La fascination de cette jeune métisse américaine pour les os remonte à son enfance. Adolescente, lors de fouilles en Grèce, elle comprend qu’elle ne peut pas exhumer des corps enterrés « décemment ». La lecture de Témoins d’outre-tombe de Clyde Snow, son « modèle », qui créa en 1987 l’équipe médico-légale argentine chargée d’identifier les personnes disparues sous la dictature, la convainc de devenir anthropologue médico-légale. À vingt-trois ans, elle participe en 1996 au Rwanda à l’exhumation des corps des charniers de Kibuye, puis enchaîne sur ceux de Bosnie-Herzégovine et Kosovo. « En travaillant sur ces restes humains, nous participons au processus de guérison des vivants » explique-t-elle. La tâche pénible physiquement et éprouvante moralement suppose de maîtriser son imaginaire et ses affects.

 Chronique professionnelle minutieuse et aussi témoignage d’une jeune femme efficace aux prises avec un travail peu ordinaire, le livre, terriblement émouvant, ne comporte pas de détails scabreux en dépit du réalisme des descriptions. Il restitue avec intérêt la vie et le combat difficiles de ces équipes projetées au loin en mission humanitaire.