« Comprendre, interpréter, refaire », Pierre n’en finit pas de remonter le cours du temps pour rejoindre la nuit où la ligne de partage de sa vie s’est inscrite à jamais. Interne en neurochirurgie à la Salpêtrière, il est membre d’une équipe de sept médecins plus ou moins médiocres et prétentieux, Vadas excepté. Professeur agrégé, référence européenne de sa spécialité, l’excellence de ce dernier est incontestable. Professionnellement parlant du moins car, humainement, il souffre d’une sorte d’autisme qui l’isole radicalement des autres. Touché par l’aura d’innocence de son interne, il a pourtant pris Pierre sous sa protection jusqu’à couvrir son erreur (serait-ce d’une tunique de Nessus ?), cette fameuse nuit de la grande garde.
Alignant staccato des mots saturés d’intentions énigmatiques, l’auteur, neurochirurgien écrivant sous pseudonyme, abuse des termes médicaux. Les mobiles de ses protagonistes, tiraillés entre jalousie, mépris et complexes existentiels, n’en sont que plus ambigus… Passer de l’essai (La Blouse, NB avril 2004) au roman n’a pas adouci les humeurs noires d’Antoine Sénanque.