La désolation : les humains jetables de Fukushima

VAULERIN Arnaud

Après le tsunami et la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, des efforts démesurés, à la limite de l’imaginable, ont été consentis pour lutter contre la contamination radioactive. Et ce au prix de risques insensés acceptés par des milliers de volontaires, entraînés par la tradition et la nécessité de gagner leur vie, puis rejetés après une trop forte exposition aux radiations. Aujourd’hui, malgré la permanence du danger et l’incapacité des autorités gouvernementales à résoudre les problèmes les plus critiques, celles-ci tournent la page et relancent le nucléaire civil sans état d’âme.  Installé sur place depuis septembre 2012, l’auteur, journaliste à Libération, mène l’enquête. Sillonnant la région du drame, il brave les consignes de silence et les habitudes de discrétion professionnelles, très fortes au Japon. Il réussit à interviewer des dizaines d’ouvriers, de cadres et quelques dirigeants. Il dresse un constat préoccupant concernant l’impossibilité de neutraliser les effets fortement néfastes de l’irradiation et déplore la rétention de l’information. Le lobby nucléaire nippon, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, s’accommode de complaisances qui perdurent et se mobilise pour soutenir le redémarrage des centrales, considéré comme vital pour l’économie du pays. Un témoignage qui devrait faire réfléchir ! (J.M. et J.C.-N.)