La cravate

FLAĆ AR Milena Michiko

Par un jour d’étĂ© lumineux, Taguchi dĂ©cide de sortir de sa chambre. Le jeune homme de vingt ans y restait obstinĂ©ment enfermĂ© depuis de longs mois et le parc oĂč il se rend lui rappelle la douceur de son enfance. Ce premier pas franchi, il prend l’habitude de venir s’asseoir sur un banc et remarque un quinquagĂ©naire, bien vĂȘtu, qui dĂ©balle son dĂ©jeuner et ne quitte sa place que le soir venu. Quelques regards s’échangent au fil des jours qui passent, puis quelques mots, une premiĂšre question, des bribes de rĂ©ponse, enfin des confidences. L’auteure, autrichienne, situe son histoire au Japon. TrĂšs tĂ©nu, le scĂ©nario se dĂ©ploie avec une dĂ©licatesse infinie, toute orientale. L’amitiĂ© se tisse, Ă  points minuscules, entre deux ĂȘtres que tout oppose hormis la solitude. Ils pourraient ĂȘtre pĂšre et fils, et l’attention rĂ©ciproque agit comme un remĂšde. Les mots libĂ©rateurs, enfin prononcĂ©s, permettent d’évoquer les souvenirs traumatisants, et sont pour l’adolescent le fil salvateur qui mĂšne du mutisme Ă  un retour Ă  la sociabilitĂ©. En dĂ©pit de la gravitĂ© du sujet, l’espoir de renaissance domine, portĂ© par une Ă©criture limpide et poĂ©tique.