La brodeuse de Winchester

CHEVALIER Tracy

Southampton, 1932. Violet, trente-huit ans, dactylo, s’étiole sous l’autoritĂ© implacable d’une mĂšre meurtrie par la perte d’un fils et insensible Ă  la solitude de sa fille dont le fiancĂ© est mort Ă  la guerre. Elle part pour Winchester, dont la cĂ©lĂšbre cathĂ©drale s’enorgueillit d’une confrĂ©rie de brodeuses renommĂ©es et de sonneurs de cloches aux carillons trĂšs savants. Elle s’y revitalisera.

L’auteure (Le Nouveau, Les Notes fĂ©vrier 2019) explore un univers trĂšs dĂ©fini. La description minutieuse des techniques exigeantes indispensables Ă  la confection des coussins et agenouilloirs apprend Ă  Violet l’art des broderies personnalisĂ©es, inspirĂ©es des sculptures mĂ©diĂ©vales. Rude compĂ©tition pour laisser sa marque d’un travail inventif et parfait ! La bouleversante rencontre d’un carillonneur – hĂ©las mariĂ© – ranime une affectivitĂ© ensommeillĂ©e mais vibrante et donne sens Ă  une vie monotone rythmĂ©e par les offices et les ragots d’un entourage suspicieux. Tracy Chevalier rĂ©unit dans le titre de son nouveau roman deux personnages indissociables : la brodeuse, hĂ©roĂŻne pudique, douloureuse et attachante, au portrait plein de finesse et de sensibilitĂ©, et la cathĂ©drale, monument magistral aux richesses infinies dont elle souligne l’architecture et l’histoire. Elle nous offre une Ɠuvre tendre et mĂ©lancolique, pĂ©nĂ©trante. (A.C.)