La barbe ensanglantée

GALERA Daniel

Un homme usé, malade, a résolu de se suicider. Il fait venir son plus jeune fils pour lui révéler que son propre père a été assassiné à la fin des années soixante dans un petit village de pêcheurs du sud brésilien, dans des circonstances non élucidées. Il demande aussi au jeune homme de faire euthanasier sa vieille chienne. Le fils ne peut pas tenir cette promesse : il quitte Porto Alegre et part avec l’animal s’installer en bord de mer, à Garobapa, là-même où ce grand-père qu’il n’a pas connu a disparu. Même si elle est passionnante et originale, l’intrigue importe moins que l’atmosphère prégnante de ce roman brésilien. Son jeune auteur (Paluche, NB juin 2010) fait vivre l’arrivée de l’hiver austral qui vide les plages idylliques et transforme jour après jour une aimable station balnéaire en théâtre inquiétant de la dérive d’un anti-héros. Celui-ci lutte avec obstination contre ses démons pour tenter d’oublier un destin qu’il pressent tragique. Portrait sans complaisance mais étrangement attachant, avec des lenteurs et des mystères qui épousent la psychologie complexe du personnage principal. À l’arrière-plan : réalisme magique, croyances et mythes sud-américains. (T.R. et N.C.D.)