Karoo

BÉZIAN FrĂ©dĂ©ric

Saul Karoo est chargĂ© de remanier le dernier film d’un rĂ©alisateur cĂ©lĂšbre afin de le rendre commercialisable. Il est fort dĂ©concertĂ©, car il trouve l’oeuvre excellente. À force de visionner la bande, il reconnaĂźt un personnage. La serveuse du restaurant n’apparaĂźt que sur un plan, mais il est certain d’y reconnaĂźtre Leila, la mĂšre biologique de son fils adoptif Billy. Saul a maintenant une idĂ©e fixe : refondre le scĂ©nario et donner le premier rĂŽle Ă  l’actrice. C’est le dĂ©but d’une aventure qui commence par une idylle et l’annonce d’un grand succĂšs cinĂ©matographique. Mais on ne maĂźtrise pas le destin.  Un trĂšs bel ouvrage, alliant un scĂ©nario (adaptĂ© du roman Ă©ponyme) parfaitement rĂ©glĂ© Ă  une image originale et expressive. Le rĂ©cit s’attache, au dĂ©but, Ă  cerner la personnalitĂ© complexe du hĂ©ros, souvent vellĂ©itaire, et Ă  montrer ses rapports difficiles avec son Ă©pouse et son entourage. Cela accentue le contraste avec l’énergie qui le remplit pour rĂ©aliser son idĂ©e fixe. Le dessin est trĂšs original. En strict noir et blanc, il est parfois rehaussĂ© de teintes posĂ©es en aplats, rĂ©pondant aux tonalitĂ©s des Ă©vĂ©nements. Il fait pĂ©nĂ©trer dans l’ñme des protagonistes, leurs dĂ©bats intĂ©rieurs et leurs sentiments contrastĂ©s. PosĂ©es comme en toile de fond, des Ă©vocations de l’histoire d’Ulysse et de TĂ©lĂ©maque accompagnent une issue tragique. (P.P. et A.J.)