Juin

BAKKER Gerbrand

Le 17 juin 1969, la reine Juliana des Pays-Bas visite des villages dans le nord de la Hollande. Les bourgmestres l’accueillent, les enfants des écoles lui offrent des fleurs, une jeune maman lui présente Hanne sa fille de deux ans. La reine est simple et d’un abord facile. Quarante ans plus tard, la famille Kaan revit ce jour où Hanne fut renversée par la camionnette du boulanger. Au cours d’une seule journée torride, chacun revit son histoire entre la ferme parentale et le cimetière où les trois frères restaurent la tombe de leur petite soeur.  Gerbrand Bakker (Là-haut, tout est calme, NB novembre 2009), lentement, très lentement, trace le portrait d’une famille rurale néerlandaise taiseuse durant une longue journée de juin mangée par la chaleur. Derrière les caractères esquissés, derrière les menus moments quotidiens méticuleusement tracés, les souvenirs remontent. Avec eux le deuil, ses non-dits, ses dommages transgénérationnels. On est noyé, au début, par la torpeur de cette journée particulière et une avalanche de noms propres et d’anodins faits et gestes. Mais cette écriture tour à tour laconique et allusive ou minutieuse, détaillée presque pointilleuse, ce rythme vaguement soporifique finissent par charmer. (A.M. et C.R.P.)