Promenade

BARTIS Attila

Orpheline et sans repĂšres, une voix inaccoutumĂ©e propose de traverser la deuxiĂšme dĂ©cade d’une jeune vie dans un pays innommĂ© et troublĂ©. De rĂ©volution en contre-rĂ©volution, Attila Bartis (La TranquillitĂ©, NB juin 2007) retrace les jeunes annĂ©es d’un ĂȘtre indĂ©fini et endeuillĂ©, tour Ă  tour garçon ou fille, tĂ©moin des atrocitĂ©s et des absurditĂ©s de l’histoire et du quotidien. Cette violence extĂ©rieure et extraordinaire par immersion et proximitĂ© contamine ou rĂ©vĂšle le narrateur au plus profond de lui mĂȘme en lui devenant petit Ă  petit intime, familiĂšre, ordinaire.  

Ce rĂ©cit fort, sans chapitres ni fil conducteur, allĂ©gorique, visuel un peu voyeur, trop souvent confus sur la genĂšse et la transmission de la cruautĂ©, dĂ©soriente et dĂ©range. Autant par l’ñpretĂ© barbare du fond que par l’étrangetĂ© du ton. Attila Bartis compose une musique inimitable, monocorde et retenue, uniforme et dĂ©tachĂ©e pour transcrire l’excessif et le fĂ©roce. Et ce timbre difficile, stagnant, presque indolent parvient Ă  faire de l’horreur la norme.