Je voudrais que la nuit me prenne

DESESQUELLES Isabelle

ÉlĂšve de son pĂšre instituteur en Aveyron, ClĂ©mence a huit ans. Ses parents Ă  la relation fusionnelle dĂ©posent l’enfant dans une bulle d’amour lumineux et total ; s’y glissent une grand-mĂšre trĂšs prĂ©sente, un ami cher, l’observation quotidienne de la nature et des vacances Ă  la mer. Un jour, cette enfance tendre et protĂ©gĂ©e s’engloutit avec ClĂ©mence. DĂ©bute l’absence
  ClĂ©mence raconte son histoire. On entend les souvenirs d’un bonheur lisse et intense, ponctuĂ©s de regards si matures renvoyĂ©s d’un inadmissible au-delĂ  (« d’outre-enfance »), d’un futur Ă©nigmatique (tout comme le titre du roman) oĂč l’hĂ©roĂŻne se redessine. Avec une grande habiletĂ© de construction, la grĂące d’une Ă©criture poĂ©tique aux images subtiles, originales, l’auteur (Les hommes meurent, les femmes vieillissent, NB septembre 2014) situe la narratrice dans une temporalitĂ© fluctuante, mystĂ©rieuse, ressentie par le lecteur : oĂč est ClĂ©mence ? Le drame se devine, entraĂźnant l’impossibilitĂ© du deuil, l’envahissante prĂ©sence de l’absence. Et dans le monde des vivants – celui du dĂ©sir, de la sexualitĂ©, d’une jeunesse Ă©ternelle convoitĂ©e – seul le bonheur de l’instant parfait, source de toute richesse, mĂ©rite mĂ©moire. Un trĂšs beau roman intimiste, poignant, profond. (A.C. et B.T.)