Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus

BA Omar

Dénonçant déjà dans Soif d’Europe le mythe d’un Eldorado européen encourageant une immigration souvent meurtrière, toujours douloureuse, le Sénégalais Omar Ba dépeint les désillusions nombreuses, les privations inouïes auxquelles l’émigré s’astreint pour transférer ses gains à famille et amis et le mensonge auquel il est contraint. Fustigeant système d’éducation et médias africains, trop tournés vers l’Europe, il veut faire avancer l’Afrique. Elle doit conserver ses bras et sa matière grise. Un rapatriement dans la dignité est possible si l’Europe coopère. De nombreux exemples prouvent que d’autres méthodes, enseignement à distance et appui des ONG, micro crédit, peuvent inverser la tendance. Les souffrances et les drames causés par cette fuite vers l’Occident ne sont pas compensés par des investissements productifs, faute d’action locale.

 

Ces vues vont choquer intellectuels et tenants des Droits de l’homme et s’appuient sur une activité d’ONG et sur une expérience personnelle. Non-conformistes mais réalistes, elles sont peut-être irréalisables car la tradition obligeant les Africains à entretenir la tribu entière, il est doublement dur d’affronter honte du retour et coût financier. Courageuse et argumentée, cette initiative mérite qu’on l’écoute.