Il nous faut de nouveaux noms

BULAWAYO NoViolet

Au Zimbabwe, fin des annĂ©es deux mille, ChĂ©rie, dix ans, vit Ă  Paradise la mal nommĂ©e, un bidonville. Son pĂšre est parti travailler en Afrique du Sud. L’Ă©cole a fermĂ© faute d’enseignants et la fillette traĂźne avec sa bande de copains. Ils chapardent des goyaves, inventent des jeux, guettent l’arrivĂ©e des ONG et rĂȘvent. Les adultes attendent les Ă©lections, espĂ©rant vivre un jour dignement, malgrĂ© la pauvretĂ© et les exactions quotidiennes. ChĂ©rie part habiter chez sa tante aux États-Unis oĂč il lui faut s’adapter et se souvenir sans pleurer. CentrĂ© sur un thĂšme, un Ă©vĂ©nement, chaque chapitre se lit comme une nouvelle. Tout est vu Ă  travers les yeux de ChĂ©rie, enfant puis adolescente, s’exprimant dans un parler direct, imagĂ©, un peu maladroit, qui Ă©volue avec l’expĂ©rience. Flot ininterrompu, sa parole enchaĂźne une foule d’observations inattendues, naĂŻves et cependant lucides. De ce patchwork colorĂ©, se dĂ©gage une peinture elliptique mais poignante de sa vie au village sur quelques mois, et de son exil aux États-Unis sur quelques annĂ©es. Trois chapitres Ă©largissent le cadre et disent, dans une langue poĂ©tique et incantatoire, le drame des Africains quittant leur pays. Un premier roman Ă©mouvant et remarquable.