Hudson Lowe : le geôlier de Napoléon.

FOURNIER LA TOURAILLE Jean-Pierre

Hormis leur commune année de naissance, 1769, tout sépare les deux hommes : un officier méticuleux à la carrière honorable face à un génie militaire à la trajectoire fulgurante. Vaincu, Napoléon est emprisonné par les coalisés, sur des bases juridiques contestables. Il se retrouve sous la responsabilité anglaise, dans une île perdue de l’Océan Atlantique. C’est moins une biographie de Hudson Lowe, à la vie d’ailleurs sans relief, que la peinture d’une confrontation violente qui, pendant près de six ans, oppose un geôlier implacable, terrorisé par une éventuelle fugue, à son illustre captif dont le séjour est transformé en martyre contribuant à sa légende. Algarades, susceptibilités dues au confinement et au risque d’évasion, dépenses excessives, opposition sur l’application des règlements, des traitements médicaux, correspondances occultes, attitudes compromettantes jalonnent cet antagonisme. Le gardien en sortira vilipendé, sacrifié par tous ceux qui cherchent un bouc émissaire et mourra ruiné.  Le récit de ce peu glorieux épisode, documenté par de multiples correspondances et ouvrages contemporains, se lit facilement. L’auteur, avocat, voit le séjour à Sainte-Hélène comme une ultime victoire morale de Napoléon.