Talleyrand et l’invention de la diplomatie française

ZORGBIBE Charles

La Révolution française et l’épopée napoléonienne ont déclenché une guerre civile européenne d’un quart de siècle durant lequel Talleyrand, ministre des Relations extérieures s’impose à tous les régimes de 1789 à 1815. Après l’abdication de Napoléon, il donne toute sa mesure au Congrès de Vienne (1814-1815) où il s’efforce de réintroduire la France de la Restauration dans le cercle des « Grands ». Après les « Cent jours » et le retour de Louis XVIII, éphémèreprésident du Conseil des ministres, il est ensuite écarté et ne revient aux affaires qu’en 1830.L’auteur, jurisconsulte distingué, estime que, au-delà de sa personnalité aussi éminente que controversée, l’évêque d’Autun a créé une méthode de négociation plus concentrée sur sa substance que sur son processus, à l’inverse des Allemands et des Américains. Ce procédé donne au style diplomatique français une originalité qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours. Ce n’est pas le moindre intérêt du livre d’analyser cette divergence. Néanmoins, on apprécie surtout, face au personnage, les comportements de Napoléon trahi et le sachant, du Tsar assumant sa vengeance, de Metternich prudent, mais lucide, sans oublier l’omnipotent Fouchet. La haute tenue de cet ouvrage ne nuit pas à sa compréhension.