Féroces

GOOLRICK Robert

Dans la mythique Amérique des années cinquante le narrateur semble avoir eu une famille merveilleuse : des parents beaux, charmants, drôles, aimés de tous en dépit de leurs difficultés financières, une fratrie brillante. De l’autre côté du décor, père et mère boivent exagérément, ont de fréquentes disputes. Mal-aimé, leur rejeton devenu adulte, boit lui aussi, se mutile sans jamais arriver au suicide, oscille entre hétéro et homosexualité…

 

Comment fait-on pour vivre aussi légèrement en apparence, pour même continuer à vivre, avec un terrible secret tapi au fond de la conscience ? Dans ce roman très très noir, tout est dans le contraste entre les délicieuses descriptions d’une vie facile, amusante, futile, sorte de rêve américain à la « Gatsby le magnifique », et la cruauté, l’inconscience, l’irresponsabilité et l’immaturité de parents, pitoyables plus que féroces, dont un enfant est la victime innocente. L’écriture, très sensible, sait suggérer l’indescriptible. Si le thème du secret de famille n’est guère nouveau, c’est ce style prenant qui fait toute la différence.