Eva

Athènes. Eva, écrivain en panne, se sent perdue dans la boîte de nuit où elle fête dans une foule le réveillon de Noël. Venue avec son mari, elle décide de partir seule et de rentrer à pied. Elle erre, désemparée, dans des quartiers inconnus, se gèle dans les rues désertes aux boutiques délabrées. En quête de contacts, elle suit une prostituée qui l’invite à finir la nuit avec ses amis. Elle écoute leurs échanges, tout en revivant des détails de sa vie médiocre, l’argent rare, les disputes croissantes avec son mari, son vieux père hospitalisé… L’action se déroule en une seule nuit et alterne réalité, hallucinations et réminiscences, ce qui brouille les fils de la narration. Dans cette déambulation cauchemardesque, oscillant entre ivresse et réalisme, Ersi Sotiropoulos (Zigzags entre les orangers, NB juin 2003) dessine le portrait d’une femme à la dérive qui espère sans trop y croire rencontrer la personne qui la sauvera. Les autres personnages étranges, fragiles, égarés, ce monde interlope contribuent à créer une atmosphère inquiétante, parfois indéchiffrable. Ce voyage au bout de la nuit est bien sombre. (M.R. et M.W.)