Eugénia et la bouche de la vérité

CARON Emmanuelle

Eugénia, 11 ans, mène une vie tranquille. Son souci: son père, qui travaille en Islande depuis deux ans, n’a pas écrit depuis quinze jours. Brutalement, son existence est bouleversée: un mystérieux visiteur ressemblant à un cochon laisse sa mère inanimée dans le salon, et son chat se met à lui parler. Il se présente comme son daemon, et lui conseille d’aller voir Oliver, une fée, du clan des Passeurs. Lui seul pourra l’aider à récupérer l’âme de sa mère.

Des pilules qui font grandir, une quête semée d’épreuves, un univers quasi mythologique compliqué avec les étranges Renard, Heures, Mangeurs et Passeurs… cette drôle d’aventure mélange les genres, entre pochade fantastique, conte initiatique, voyage onirique et délire incohérent, aux références nombreuses et gratuites (pour lecteurs cultivés). Il est difficile d’y adhérer, et la narration farceuse n’aide sans doute pas. Le ton est distancié et décalé, et les inventions langagières abondent, notamment des jurons fleuris et cocasses, entre Québec et capitaine Haddock. Un roman bizarroïde et déstabilisant, d’autant plus frustrant qu’il reste en suspens – et on n’a pas vraiment envie de subir une suite.