Et tu n’es pas revenu

LORIDAN-IVENS Marceline

Marceline a quinze ans quand elle est arrêtée avec son père par les nazis près d’Avignon. Ensemble, ils sont déportés en avril 1944 dans un convoi qui les mène à Birkenau et Auschwitz. Avant qu’on ne les sépare, le père dit à sa fille que lui ne reviendra pas mais qu’elle, elle vivra. Ces mots, perçus comme une prophétie et gravés en elle à jamais, contribuent à la maintenir en vie, malgré le froid, la faim, le vide intérieur absolu. Ils ont un jour le bonheur cruel de se revoir et s’embrasser un bref instant. Avec Ma vie balagan (NB janvier 2009), livre déjà autobiographique, l’auteur survolait son parcours, de la jeunesse marquée par l’expérience des camps aux années de voyages consacrées au cinéma ; dans ce court récit écrit avec Judith Perrignon, elle s’attache à exprimer ce qu’elle a vécu dans sa chair et dans son âme pendant les longs mois de déportation. Rien dans l’existence n’a pu la consoler de la perte de son père, et la vieille dame de quatre-vingt-six ans qu’elle est devenue lui adresse des pages émouvantes, à l’écriture vive, où l’on croit entendre sa respiration se précipiter à l’évocation des souvenirs douloureux. Se mêlent alors le drame et la grâce. (P.H. et L.D.)