Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

DECOIN Didier

Si l’assassinat de Kitty Genovese, brièvement mentionné dans le journal du 13 mars 1964, a suscité une émotion aussi retentissante par la suite, c’est à cause d’un éditorial équivalent au « J’accuse » de Zola, publié à la une du New York Times quatorze jours plus tard. L’auteur de l’article y vilipendait les trente-huit témoins du crime qui étaient restés calfeutrés derrière leurs fenêtres, malgré les appels au secours de la victime. Ce comportement, nommé depuis « syndrome Kitty Genovese », illustre la passivité de ceux qui, en présence d’une agression, se sentent d’autant moins concernés qu’ils sont plus nombreux…

 Sans continuité chronologique, Didier Decoin recompose, en scénariste talentueux qu’il est, les phases de la traque puis du meurtre sordide de Kitty, avec arrêts sur image du tueur et minutes du procès. Il invente même un narrateur-pêcheur de truites, pour commenter le drame et donner le pas à la réflexion sur l’action. L’auteur de John l’enfer (Livre du Mois, N.B. septembre-octobre 1977) a, cette fois encore, choisi New York comme théâtre d’un roman à thèse très (trop ?) démonstratif.