Edith et Oliver

FORBES MichĂšle

Illusionniste, Oliver exerce, en 1906, ses talents de magicien dans diffĂ©rents music-halls d’Irlande. Sa carriĂšre prometteuse connaĂźt une fin sordide et tragique, malgrĂ© l’aide morale et physique d’Edith, sa femme aimĂ©e, et celle de ses enfants. Mais son addiction Ă  l’alcool, son orgueilleuse confiance en lui mĂȘme pour conjurer le dĂ©sespoir d’une enfance foudroyĂ©e, l’apparition du cinĂ©ma conduisent Oliver aux pires excĂšs, Ă  sa dĂ©chĂ©ance, Ă  la destruction d’une famille.  Avec un grand talent de conteuse, la romanciĂšre (PhalĂšne fantĂŽme, NB janvier-fĂ©vrier 2016), Ă  l’aide de retours en arriĂšre, construit un rĂ©cit trĂšs structurĂ© qui s’achĂšve en 1922. Une Ă©criture imagĂ©e, prĂ©cise, souple, nous emmĂšne dans les coulisses des thĂ©Ăątres au grĂ© des engagements internationaux d’un artiste douĂ© et qui « se rate ». Attachant, Ă©trange, le personnage d’Agna, la fille mutique du couple, observatrice souffrante des situations dĂ©sastreuses de ses parents, enracine l’illusion dans le roman. Dernier lien de son pĂšre avec son monde englouti, Agna lui devra sa libĂ©ration. L’auteur fait d’elle un portrait d’une sensibilitĂ© extrĂȘme qui contraste avec le rĂ©alisme parfois insoutenable des situations brutales oĂč se dĂ©battent les protagonistes dans le monde cruel d’une Irlande dĂ©chirĂ©e.  (A.C. et B.T.)