Dix jours « polonais »

RACZYMOW Henri

La femme qu’il aime le quitte. Henri Raczymow, écrivain français dans la meilleure tradition (cf. Reliques, NB mai 2005), né en France et juif polonais d’origine, s’envole en désarroi vers la Pologne que ses parents ont fuie, où a péri une partie de sa famille. À Varsovie, constate-t-il, musée, monuments ou cimetière ne contiennent que le vide, la mémoire est creuse, reconstruite. À Cracovie, au contraire, c’est le trop plein : une exploitation grotesque d’une culture juive de pacotille monnayée aux touristes étrangers. La vue banale de rails de chemin de fer lui est insupportable. Voyage dérisoirement inutile…

 

Alors, comment vivre cette double appartenance, avec derrière soi l’Histoire, les histoires familiales ? Et quelles histoires… Une espérance vaine que Raczymow explore à chaque page, commentant son impuissance à saisir le réel autrement que par l’écriture ; à aimer les femmes comme l’homme qu’elles attendent alors qu’il est toujours un enfant à l’horizon barré par le passé… Les croquis de la Pologne actuelle – toujours antisémite – alternent avec ces constatations au ton volontairement retenu, presque léger, impuissantes à éclairer la nuit et les brouillards.