Deuil

BERGSSON Gudbergur

RetraitĂ©, ĂągĂ©, veuf d’une femme revĂȘche morte gĂąteuse, le vieil homme s’éveille Ă  demi, protĂ©gĂ© par ses boules Quies, tiraillĂ© entre l’envie de rester couchĂ© et celle de faire chauffer, comme Ă  l’habitude, sa bouilloire pour son petit dĂ©jeuner. Sa luciditĂ© s’est Ă©tiolĂ©e, vaincue par son caractĂšre terne et sa solitude. Sa vie – affective, sentimentale, familiale, professionnelle – lui revient Ă  l’esprit dans la confusion. S’entremĂȘlent des Ă©vĂ©nements secondaires, inventĂ©s ou contradictoires qui dĂ©voilent son subconscient. La mĂ©diocritĂ© d’une existence banale sert de base aux incohĂ©rences liĂ©es Ă  son manque de personnalitĂ©. Maladie, acharnement thĂ©rapeutique, vieillesse, dĂ©rapages mentaux, rapports avec autrui rĂȘvĂ©s ou rĂ©els nourrissent l’analyse que Gudbergur Bergsson, Ă©crivain islandais, fait de la morne vie en voie d’achĂšvement de son hĂ©ros. Cependant la pensĂ©e qui s’égare dans la description dĂ©senchantĂ©e est juste et saisissante. Une sensation de chaos imprĂšgne ce court ouvrage oĂč le tri entre un passĂ© anodin et un prĂ©sent qui se dĂ©sagrĂšge rend la lecture parfois difficile. Si la bouilloire et le cerveau s’éteignent simultanĂ©ment, subsiste le cĂŽtĂ© poignant du roman.