Couple avec pistolet dans un paysage d’hiver.

AHNNE Pierre

Il est solitaire, maniaque de rangement, de logique, de vocabulaire : chaque objet doit être à sa place, pensée et action suivent une cohérence nécessaire, les mots ont un sens précis. Ainsi se comporte le narrateur, célibataire, asocial, méthodique, qui, la veille de Noël, récupère un pistolet abandonné dans une salle de cinéma par un spectateur blessé et, le lendemain, dans un mouvement d’humeur, kidnappe une femme qui charge maladroitement sa voiture. Et les voilà partis, d’abord hostiles, limitant leurs échanges au strict nécessaire, et qui, peu à peu, évoluent d’une tentative d’évasion à des conversations intimes, vie personnelle, familiale, rapprochement affectif et sexuel. La perspective d’une passade commune (ou plus ?) paraît vouée à l’échec mais la conclusion est laissée à l’imaginaire. Chronique brève, improbable, apparente pochade psychologique nourrie d’humour, de suspense, dont le style rend la lecture réjouissante, rappelant Je suis un méchant homme (NB mai 1999).