Comment peut-on être français ?

DJAVANN Chahdortt

Roxane, vingt-trois ans, arrive seule à Paris. Elle vient de passer deux ans en Turquie après avoir fui l’Iran des mollahs. Elle ne parle pas le français et n’a d’économies que pour deux mois. L’ivresse de la liberté – prendre un sandwich à la terrasse d’un café –, la déconcertante facilité d’obtention d’une carte de séjour ne masquent pas les difficultés à venir. Apprendre la langue, avec l’invraisemblable nécessité de mémoriser le genre des mots, sollicite toute sa pugnacité, car c’est par cette maîtrise qu’elle se sentira vraiment française et autre. Elle trouve un emploi mais reste désespérément isolée. Son passé, qu’elle a voulu fuir, resurgit à tout propos, restituant les scènes les plus marquantes ou traumatisantes de sa vie. Afin de se sentir moins seule, elle entame avec Montesquieu une correspondance fictive.

 

Fidèle à son combat contre la condition imposée aux femmes dans les pays musulmans (Je viens d’ailleurs, NB février 2002), Chahdortt Djavann décrit ici avec une vérité venant de sa propre expérience la difficulté de l’exil et de l’intégration, dans une langue parfaitement dominée.