Comment les fourmis m’ont sauvé la vie

NEVAÏ Lucia

Iowa, années 1950 : les champs de maïs cernent une masure habitée par une famille de prêcheurs itinérants, escrocs et alcooliques. Crane, défigurée par sa mère à la naissance, végète dans cette indigence, aussi famélique que son frère et sa soeur plus âgés. Une marina se construit et va remplacer cet univers sordide. Séparée alors de sa famille, Crane, laide à faire peur, crasseuse, à moitié aveugle et analphabète, est placée dans un couvent, puis adoptée par une femme aimante. Rebaptisée Princesse, elle se révèle surdouée, reprend pied et, si elle échoue à toute insertion sociale, trouve dans l’étude approfondie des fourmis un sens à son existence.

 

Lucide mais jamais guérie d’une enfance terrifiante, Crane-Princesse déroule à la première personne sa pauvre vie, une cascade de malheurs où se sont succédé humiliations et frustrations sur fond d’imprécations bibliques. Heureusement, la dérision et le côté saugrenu de certaines situations permettent de supporter la crudité ou la noirceur ambiante. Ainsi se dégagent de ce livre bien construit tendresse, force vitale, espérance, confirmant le talent de cette romancière remarquée par la critique américaine pour trois autres romans et des nouvelles.