Ce que l’on ne peut confier à sa coiffeuse

TOMAŽIČ Agata

Celle-ci claque la portière de la voiture dans la file d’embarquement du ferry qui conduira, seuls, vers le lieu de leurs premières vacances, son compagnon et leur enfant. Celle-là dit qu’elle comprend le langage des oiseaux. Ce qui fait sourire. Alors, quand elle décide de les rejoindre en plein ciel…  Entre eux deux, il ne s’est rien passé, elle peut l’affirmer sans mentir à son mari. Rien ou tout ? Qui, enfin, mieux que sa maman, peut comprendre cet homme que passionnent, à plus de quarante ans, les nombres premiers ?  

Ces nouvelles savoureuses sont regroupées sous un titre qui donne le ton. À sa coiffeuse, en effet, que ne confie-t-on pas dans la complicité du papotage et le ronron du sèche-cheveux ! Peut-être justement l’indicible dont sont tissés ces courts récits, quand la vie quotidienne, sans crier gare, sort des sentiers battus, flirte avec l’interdit ou l’invraisemblable. La nouvelle, dans sa sobriété exigeante, impose des raccourcis, des ellipses dont Agata Tomazic s’amuse : ses personnages sortent d’une comédie humaine à la mélancolie drôle. Il faut oser sourire car, en amont, c’est la peinture d’une société qui affleure et l’ironie implacable de la vie. (C.B et F.E)