Quel est le lien entre le récit de la traversée du Pacifique en période coloniale d’Adam Ewing, les lettres de Robert Frobisher, musicien surendetté, soumis aux foucades d’un prestigieux compositeur de l’entre-deux-guerres, l’investigation trépidante de Luisa Rey déjouant un complot nucléaire en pleine guerre froide, l’évasion burlesque de Timothy Cavendish d’une maison de retraite, les révélations poignantes de Somni-451 sur les conditions d’esclavage dans une société futuriste, avec au centre du livre la cohabitation entre société primitive et techniques de communication modernes cachées ? Si l’espace, le temps et l’action distinguent ces récits, les personnages, subtilement rappelés d’une histoire à l’autre, créent des ponts entre les événements, composant une seule et même histoire : celle de l’humanité à la poursuite du savoir. À l’instar des Écrits Fantômes (NB août-septembre 2004), Cartographie des Nuages est un roman polymorphe où les multiples tonalités et styles narratifs, ingénieusement mêlés par David Mitchell, baladent le lecteur entre péripéties enlevées des personnages et leur grave destinée commune, dans une subtile construction en spirale.
Cartographie des nuages
MITCHELL David