Campo Santo

SEBALD W.G.

W.G. Sebald, écrivain célébré, notamment pour Les Émigrants (NB février 1998), est mort accidentellement en 2001 et ce sont tout d’abord quatre fragments d’un livre qu’il avait projeté sur la Corse qui sont publiés ici. Ce qui semble un journal de voyage s’approfondit très vite, la description du présent – lumière éclatante, personnes aperçues, étrange atmosphère d’un musée, paysages – se mêle subtilement avec le passé. Les rêveries de l’auteur, ses réflexions ou ses souvenirs littéraires convoquent les morts, rappellent les vies disparues, les voyageurs de jadis.

 Les essais qui suivent, une dizaine, concernant des écrivains tels que Handke, Grass, Nabokov, Kafka ou Chatwin, peuvent sembler très différents. En fait le même talent amalgame en une prose labyrinthique, récits, citations, anecdotes, analyses critiques. Surtout, ces textes sont traversés de la même obsession : ne pas céder à la séduction de l’amnésie, prolonger le passé dans le présent. Pour Sebald, né en 1944 en Bavière, la destruction des villes, les camps de la mort, les tortures condamnent une époque qui a supprimé l’espoir d’une rédemption. Quelques-uns se doivent de se souvenir et d’écrire, même si la littérature ne peut plus être la même… Ce livre fait regretter que cette voix se soit tue.