Camarades

1869. En colère contre sa mère, journaliste anarchiste qui court le monde loin d’elle, Eulalie incendie les vergers de Mamé ; elle est exilée dans un couvent parisien où l’accueille Gisèle, une cousine qui y perfectionne sa connaissance des plantes. Evgueni a fui un camp de travail dans la lointaine Sibérie où l’ont envoyé les poèmes subversifs de son père contre le pouvoir tsariste. Eddie a quitté la ferme de ses parents au Pays de Galles pour découvrir le journalisme à Swansea. Ils arrivent du bout de l’Europe dans le Paris de 1870, et observent la montée de la colère européenne contre toute forme de pouvoir autocratique. De Swansea à Varsovie pour revenir à Paris, on pénètre dans les milieux politiquement engagés. Les personnages sont observés avec attention et finesse, dans leurs moindres ressorts psychologiques. Néanmoins, le trajet que les héros doivent parcourir avant de se retrouver au coeur de la révolte parisienne est bien long. Le récit s’attarde sur chaque parcours personnel, expression de destins qui basculent à l’aube d’une ère où les équilibres sociaux chancellent. Les longues descriptions de leurs motivations, de leurs états d’âme, enlèvent au récit le rythme dont il aurait eu besoin pour accrocher le lecteur à ce tableau d’ambiance à la veille de la guerre de 70. Plus qu’amour ou amitié, le lien qui se tisse entre eux au fil des jours est celui de la camaraderie dans l’épreuve, du partage d’émotions au-delà des tourments de leur vie. (M.T. et M.-C.D.)