Bohème

STEINER Olivier

Pierre Lancry est à Los Angeles pour mettre en scène Tristan et Isolde. Tarik Essaïdi, alias Jérôme Léon, jeune beur homosexuel à l’enfance « honteuse », vend de l’huile d’olive dans l’Île-Saint-Louis. À l’issue d’une représentation, comme on jette une bouteille à la mer, Jérôme glisse un mot dans les mains de Pierre. La distance est propice à une relation épistolaire où les SMS et les mails ont remplacé les lettres. De fil en aiguille, la confidence vire à la séduction, au désir déclaré, puis à la passion. Malgré sa maturité, sa notoriété et sa femme, Pierre se prend au jeu. Olivier Steiner est comédien. Dans ce premier roman, il sait trouver le ton tour à tour fiévreux, compatissant, incisif, raisonnable des protagonistes. Sur le mode virtuel du XXIe siècle, il réinterprète les propos de Wagner selon lesquels le désir d’amour est plus fort que l’amour lui-même. Est-ce pour justifier cette assertion que la montée en puissance de ce commerce numérique ne prend pas ? Outre des tics de langage et l’inanité du dialogue intime, les émotions décrites sont plaquées, la tension fabriquée. Dans cette histoire intime, le lecteur se voit transformé en voyeur non consentant.