Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ?

BAYARD Pierre

En 1963, Pierre Bayard, alors adolescent, s’éprend de Geneviève, l’héroïne du feuilleton télévisé Le Chevalier de Maison-Rouge, inspiré d’Alexandre Dumas. Devenu adulte, il imagine d’entrer dans le roman éponyme pour l’infléchir, en s’incarnant dans Maurice, le garde national qui, par amour pour Geneviève, trahit la République et se fait le complice d’une tentative de libération de la reine Marie-Antoinette. Il espère ainsi réussir, lui, à sauver la jeune femme de la guillotine. En vain, bien sûr, et il doit affronter des dilemmes moraux, comme les autres acteurs de ce drame. Agrégé de lettres, Pierre Bayard est également psychanalyste, ce qui marque son oeuvre (Aurais-je été résistant ou bourreau ?, NB mars 2013). Se référant à Kant, l’auteur traite ici de l’éthique et des conflits des grands principes entre eux ou avec les sentiments, dans le contexte politique et social d’une époque très favorable. Cette relecture d’une oeuvre populaire de fiction pour illustrer ces réflexions est menée avec une remarquable rigueur d’analyse, mais n’est ni austère, ni ennuyeuse, tant l’écriture est claire, simple, parfois teintée d’ironie et parfaitement adaptée. (P.S. et E.B.)