Apnée

EHNI René-Nicolas

& &

 

Au gré des jeux de mots et d’orthographe, de coquilles ludiques, le fil insolite du récit-monologue se plie dans les méandres du souvenir – l’enfance, la grand-mère, les amis, l’Alsace, Belfort, la Crète –, se tend soudain dans le vif du présent – un parcours parisien, une rencontre, une célébration religieuse –, se démultiplie en réflexions, citations, commentaires… Sans cesse, pour René Ehni, Juif alsacien, chrétien orthodoxe animé par la foi, poète, écrivain (Algérie roman, N.B. juil. 2002), il s’agit de célébrer par son écriture les morts aimés et de vivre avec eux jusqu’au bout. Parmi ceux-ci, il voue un culte à son éditeur, Christian Bourgois, tragiquement disparu ; il porte les mohairs et les tweeds de son ami, visite sa tombe, redit, revit les moments et les mots partagés. Cette ferveur singulière, gouailleuse et tendre, illumine d’une lumière poétique quelques pages inspirées, ouverture furtive sur le royaume des morts.