Anton

ZÖLLER Elisabeth

Münster 1938. Anton a six ans. Un accident a stoppé son développement. Il bégaie, n’emploie plus le « je » et son bras droit est inutilisable. Comment fréquenter l’école alors qu’un garçon allemand doit écrire de la main droite ? Les instituteurs zélateurs de la race supérieure, les enfants embrigadés dans les mouvements de jeunesse et leurs parents pensent que les « débiles » de son genre n’ont pas leur place à l’école. Pour sa famille, il n’est pas malade et il n’est pas question de l’envoyer dans un de ces centres où l’on meurt bien vite. Histoire vraie, ce récit est dû à la nièce d’Anton, fille de sa soeur la plus proche de lui ; il relate au quotidien le sort réservé aux handicapés et aux malades mentaux, sous-hommes indignes de la race aryenne. L’Histoire majuscule y apparaît à travers les événements personnels : l’épicier juif accueillant, victime de la Nuit de Cristal, le frère aîné enrôlé sur le front de l’Est. Et aussi dans les jeux des enfants : Anton joue à l’épicerie et vend avec prodigalité des produits rationnés, il déplore le départ de David son compagnon de classe mais joue à un jeu de société « Expulsez les juifs », ou figure le défilé du Fürher avec ses petites voitures. Souvenirs familiaux et travail patient de documentation font comprendre l’ambiguïté des sentiments, la peur, l’abjection et aussi la contestation de moins en moins silencieuse. L’écriture est sobre, le ton à hauteur d’enfant, sans pathos. Dès 11 ans.