Animals

DOVEY Ceridwen

1915, Kiki-la-Doucette, la chatte de Colette, égarée près du front, s’aventure jusqu’aux tranchées. 1941 : le chien loup préféré d’Himmler s’enfuit dans les bois, vers l’est. 1968 : une tortue, celle de la famille Tolstoï, est mise en orbite autour de la lune par les Soviétiques. 2003, un dauphin-soldat femelle est envoyé en mission dans le golfe Persique. Et aussi : un dromadaire australien, une éléphante au Mozambique, un ours du zoo de Sarajevo, un perroquet libanais…

 

Un bestiaire, dix histoires. On peut les lire indépendamment comme des nouvelles, mais c’est la relation entre elles qui renforce leur signification et donne sa puissance émotionnelle à l’ensemble. Une fois dépassée l’étrangeté du dispositif – l’âme de chaque animal, témoin et victime d’un grand conflit historique moderne, raconte sa vie et sa mort – on est touché, amusé ou scandalisé par ces dix destins où humanité et animalité sont étroitement liées, pour le meilleur et pour le pire ! L’Australienne Ceridwen Dovey (Les liens du sang, NB octobre 2008) évite avec finesse la surcharge anthropomorphique tout en rendant un hommage malicieux aux grands écrivains et poètes animaliers (Colette, Kafka, Ted Hugues…) qui font des apparitions dans chaque récit. Un pari littéraire surprenant, efficace et brillamment réussi. (T.R. et M.Bo.)