Dans les Highlands, vers 1860, Adam, jeune pasteur presbytérien, rédige un journal intime sur ses rencontres et ses sentiments tandis que le « glen » enneigé interdit tout contact extérieur. Dans ce pays rude et austère, légendes et Histoire imprègnent les mentalités, et les antagonismes entre Anglais, jacobites et autochtones presbytériens ressortent tandis que surgissent certaines apparitions. Ces créatures, réelles ou imaginaires selon les différents moments du récit, reviennent hanter Adam quand il relit son journal vingt-cinq ans plus tard avec nostalgie. Dans cet univers clos, résonne la cornemuse et souffle la tempête. Paru à Noël 1931, ce conte fantastique et suranné possède charme et humour discret, mais peut se lire à plusieurs degrés. C’est aussi une variation sur le pouvoir de l’imaginaire, ou encore un chant d’amour à l’Écosse natale, dans la lignée des Walter Scott ou Robert Burns. Désuet comme dans Portrait de Margaret Ogilvy par son fils (NB septembre 2010), le style est aussi envoûtant et lyrique. Le regard de l’adulte sur le jeune homme et le rythme lent du récit mêlent les temps et déroutent. Il faut accepter l’étrange, pénétrer dans un autre univers pour apprécier ce texte du créateur de Peter Pan.
Adieu, Miss Julie Logan : un conte d’hiver
BARRIE James Matthew