Le cahier des mots perdus

WILMOS BĂ©atrice

Marseille, 1940. À onze ans, Jeanne assiste dans un cafĂ© Ă  une rafle qui lui enlĂšve Thomas, un ami allemand de sa famille maternelle, et Blanche, sa mĂšre. Celle-ci voulait le rencontrer avant qu’il embarque pour les États-Unis. AffolĂ©e, la fillette retourne Ă  l’hĂŽtel oĂč elle sĂ©journe et lit le cahier dans lequel sa mĂšre retrace son adolescence, son mariage ratĂ© avec le pĂšre de Jeanne et son amour impossible pour cet Ă©tranger qu’elle connaĂźt depuis l’enfance. AprĂšs plusieurs internements en Allemagne dans les annĂ©es 1930, puis en France, il est devenu diffĂ©rent et s’est enfermĂ© volontairement dans la solitude. Dans L’Album de Menzel (NB-juin 2010) BĂ©atrice Wilmos situait dĂ©jĂ  l’intrigue de son roman pendant la seconde guerre mondiale, relatant des expĂ©riences singuliĂšres et douloureuses. Ici, l’histoire qui se dĂ©roule Ă  la mĂȘme pĂ©riode dans le sud de la France, est habilement, voire joliment, racontĂ©e essentiellement par les deux hĂ©roĂŻnes, d’abord par la voix d’une enfant incroyablement mĂ»re pour son Ăąge, puis Ă  travers le journal intime d’une mĂšre Ă©goĂŻste, aveuglĂ©e par sa passion. L’incomprĂ©hension de la jeune femme sur la situation devient pesante, mais le souvenir du sort rĂ©servĂ© aux Allemands opposĂ©s au rĂ©gime d’Hitler est ravivĂ©.