Les Pays immobiles.

BAYON

Le sous-titre de “romans” intrigue. Il efface le singulier, ne multiplie rien. Ce sont des parcelles de vie livrĂ©es en toute sincĂ©ritĂ©, scindĂ©es, hachĂ©es, capturĂ©es de-ci, de-lĂ , peut-ĂȘtre les strates de romans avortĂ©s ? Les Pays immobiles entraĂźnent d’Afrique en Bretagne, d’Égypte Ă  Paris oĂč s’étirent les souvenirs, se compactent les sĂ©quences, se figent les portraits. Les scĂšnes d’enfance avec le frĂšre aĂźnĂ©, les Ă©lans fougueux d’une jeunesse avide de filles girondes, les clameurs d’une voisine encombrante, les sorts et envoĂ»tements se succĂšdent entre cruautĂ©, Ă©blouissement charnel, violence et exotisme. Le manque et le dĂ©sespoir apparaissent avec la mort du petit frĂšre, la maladie qui dĂ©charne l’ami cher.

 

De syntaxe osĂ©e en lyrisme Ă©chevelĂ©, les mots se pressent, jetĂ©s, rassemblĂ©s, lancĂ©s en un exorcisme d’urgence. Avec son mĂ©lange de verdeur et de langue chĂątiĂ©e, avec sa richesse de vocabulaire Ă©tonnante, le style fait toute la valeur de l’oeuvre. AprĂšs Le lycĂ©en (NB dĂ©cembre 2000), ce livre du retour sur soi-mĂȘme, de l’absence et du trop plein, fait flamboyer le verbe en une poĂ©tique parfois Ă©nigmatique.