Un spĂ©cialiste de Proust ancien tagueur, voilĂ une antinomie efficacement provocante. Et en effet, ce rĂ©cit (autobiographique ?), au style Ă©tudiĂ©, d’un narrateur-poĂšte en visite dans le monde nocturne de jeunes tagueurs, se rehausse du contraste avec leur milieu fruste et leur langage pauvrement codĂ© (celui-ci cependant finit par s’orner de grĂąces inattendues). Ivre de colĂšre et de drogue, acharnĂ© Ă changer la ville â sinon la vie â en la marquant de sa trace, il expĂ©rimente comme eux les courses exaltantes, l’excitation du danger et l’orgueil du pouvoir. Mais, on le pressent, l’aventure rimbaldienne finira mal.
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Les ressources littĂ©raires de l’auteur sont grandes, qui cĂ©lĂšbre encore et encore l’Ă©quipement et les armes de ces chevaliers de l’absurde, tout entiers investis dans l’intensitĂ© de l’instant. On s’ennuie un peu. On regarde les murs de Paris et ceux de la Provence entre deux oliviers. La fin, brutale, rĂ©veille. Cette incursion dans un univers fermĂ©, qui rappelle celui dâEmma Jordan (N.B. oct. 2002), est dĂ©crite avec une virtuositĂ© talentueuse, un peu trop complaisante.
