Vol plané

FRIER Raphaële

Sourire angélique et profil bas sont les clefs de l’irréprochable. Romane, 14 ans, est accro à la dérobe  qui lui procure des sensations de force et d’impunité. Elle a déjà décidé d’arrêter mais, à chaque essai, c’est le démon tentateur qui l’emporte. En réalité, Romane ne s’aime pas tant que cela, et sa fausse estime de soi s’effondre le jour où, pour plaire à Mattéo, elle vole à sa tante (voleuse elle aussi) son aimant magique. « Mademoiselle, je peux voir votre sac » ? Ça y est : elle s’est fait pincer. 

On est dans le vrai et le bien-senti avec ce bref roman, plutôt féminin puisque c’est Romane qui se raconte. L’adolescente se voit et se juge sans détour ni faux-fuyant. Elle ne se cherche pas d’excuse et relit son parcours, avec des notes humour, comme pour confirmer son affranchissement définitif de la cleptomanie. Pour devenir adulte, Romane connaît un difficile parcours de velléités étranglées et de rechutes répétées. Le rôle et la fragilité des amitiés adolescentes, le regard sans concession qu’elle pose sur ses parents, sa rouerie dans son « art » mêlée de naïveté dans ses élans et ses émois font d’elle une fille vulnérable, bien cachée sous une image-carapace : n’est-ce pas le propre de l’adolescence ?