Une drôle de fille

JOB Armel

Marfort, à la fin des années cinquante, est une petite ville belge assoupie. Des habitants aux habitudes très inscrites se régalent du pain et des pâtisseries de la Maison Borj, fabriquées par Ruben et vendues par sa femme, l’accorte Gilda. L’arrivée de Josée, apprentie et orpheline, épileptique à la voix d’or, réveille la ville et bouleverse la famille, son histoire aux secrets à peine enfouis.   Armel Job (Une femme que j’aimais, NB avril 2018) campe un moment de la vie provinciale, encore marquée par les souvenirs de la guerre. Finement analysée, la sociologie de ce terroir avec ses différences de classes, l’importance des apparences, des rumeurs, l’exhumation d’un passé aux relents de trahison, intègre, avec justesse, les sentiments d’une héroïne méprisée et utilisée. L’auteur de ce roman noir psychologique, d’une écriture précise (il s’attache particulièrement aux portraits féminins), fait monter la tension, dose avec une grande maîtrise et une construction rigoureuse les révélations qui s’enchaînent. Sur un rythme lent, pénétrant, les retournements des situations assignent les personnages à leur vraie place. (A.C. et C.M.)