Une constellation de phénomènes vitaux

MARRA Anthony

2004, deuxième guerre de Tchétchénie. Akhmed, piètre médecin mais bon portraitiste, recueille Havaa, huit ans, dont le père, son meilleur ami, a été dénoncé comme sympathisant des rebelles et emmené par les Russes. La fillette, leur ayant échappé par miracle, doit être cachée en lieu sûr. Akhmed la confie à Sonja, chirurgienne russo-tchétchène responsable de l’hôpital de la ville voisine, en échange de services qu’il pourra lui rendre. D’abord réticente, elle finit par accepter la présence de l’homme et de l’enfant. Mais le danger continue à rôder. L’histoire se déroule en cinq jours, embrassant soixante ans de l’histoire tragique des Tchétchènes en butte à toutes les exactions : spoliations, tortures, viols, déportations. Le désordre chronologique du récit peut se révéler quelquefois perturbant. Les personnages, extrêmement attachants, qui ont comme seul tort d’être nés au mauvais moment dans le mauvais pays, vivent leur angoisse et leur souffrance dans le froid glacial d’une nature hostile. Parfois un humour amer et quelques scènes tragi-comiques allègent ce roman très noir où le destin dramatique de chacun semble inéluctable. Cependant, face aux pires épreuves, demeurent l’humanité, la générosité, l’amitié et la tendresse. Un livre âpre, éprouvant et profondément émouvant.