Une Chinoise ordinaire

FIÈRE Stéphane

À PĂ©kin, une trĂšs belle jeune femme, Ai Guo, a fui la misĂšre des faubourgs crasseux et la pauvretĂ© des petites ouvriĂšres Ă  la chaĂźne pour devenir call-girl de luxe. Elle s’adonne Ă  un commerce sexuel raffinĂ© des plus lucratifs pour vivre dans la richesse. Sans morale, mais sans perversion, froidement, Ai Guo se construit une vie fastueuse en assouvissant les dĂ©sirs sexuels de riches EuropĂ©ens d’un certain Ăąge en quĂȘte d’exotisme. Alors qu’un nouveau voisin s’installe en face de chez elle, elle commence Ă  sentir le vide de ses Ă©treintes tarifĂ©es
 StĂ©phane FiĂšre connaĂźt parfaitement la Chine (Caprices de Chine, NB aoĂ»t-septembre 2008), le mandarin et ses finesses. Il prend ici la voix d’une femme pour aborder une critique de cette Chine Ă  deux vitesses, oĂč se juxtaposent les pauvres, incultes et harassĂ©s de travail, et les nouveaux riches, infĂ©odĂ©s au dieu Argent. Il donne aussi la parole Ă  ceux qui ont choisi d’immigrer en Europe. Le monologue de la narratrice – fait de longues phrases, enchaĂźnant les rĂ©pĂ©titions, dans un style vivant, trĂšs cru – prend le lecteur Ă  parti. RĂ©aliste, semĂ©e d’expressions chinoises, cette langue nous entraĂźne dans une danse vibrante et dĂ©paysante. Original.