La possibilité d’une île.

HOUELLEBECQ Michel

C’était une bonne idée, pour un roman consacré au sort de l’espèce humaine, que d’alterner les vies suivant les époques présentes et futures. Après chaque passage concernant Daniel1 vient ainsi s’intercaler un autre relatif à Daniel24, membre de ces “néo-humains” qui ont succédé aux hommes, dont l’espèce a disparu à la suite des cataclysmes que furent les “diminutions” et le “Grand Assèchement”. Ces “néos”, êtres insensibles, paraissent plutôt nostalgiques, car privés des passions qui animaient les “sauvages” qui les ont précédés deux mille avant. Notre homme véritable, Daniel, lui, ne paraît guère sympathique. Producteur de cinéma spécialisé dans l’érotisme, terriblement bavard sur les techniques sexuelles les plus recherchées, il devient adepte d’une secte genre “Raeliens”.

 

On le sait, l’arrivée de ce dernier livre de Houellebecq a été fort bien fignolée. Il en est de même des ingrédients utilisés : bravades, immoralité, sexe, golden boys, immortalité, New Age, clonage, etc., mais aussi coups de griffe savamment distillés ; c’est tout à la fois agaçant, désespérant ou captivant.