Un dimanche au cachot

CHAMOISEAU Patrick

C’est Ă  un voyage aux confins de la folie que nous convie l’auteur, « marqueur de parole » ou « guerrier de l’imaginaire ». Alors qu’il travaille Ă  un roman faisant suite au rĂ©cit de son enfance en Martinique (À bout d’enfance, NB fĂ©vrier 2005), Patrick Chamoiseau, qui reprĂ©sente la culture antillaise, est appelĂ© par un Ă©ducateur pour porter secours Ă  une fillette maltraitĂ©e et droguĂ©e, blottie au fond du cachot d’une ancienne sucrerie esclavagiste. Caroline, emmurĂ©e dans la ruine et en elle-mĂȘme, refuse de sortir. Il s’enferme avec elle et, Ă  ses cĂŽtĂ©s, commence un marathon d’une journĂ©e au cours de laquelle il lui raconte l’histoire sanglante d’OubliĂ©e, une enfant Ă  l’époque de l’esclavage, histoire qu’il tisse avec des bribes de la vie de Caroline elle-mĂȘme, dont l’éducateur lui envoie les Ă©lĂ©ments par SMS.  Le lecteur est entraĂźnĂ© dans une grande confusion psychotique au travers d’une langue crĂ©olisĂ©e complexe qui convoque monstres du passĂ© et du prĂ©sent, violences sexuelles, souffrances des esclaves. Le rĂ©cit est Ă©prouvant, mĂȘme si cette thĂ©rapie « éclair » se rĂ©vĂšle bĂ©nĂ©fique.