Tout va très bien

CHADWICK Charles

Pour donner à son supérieur hiérarchique détesté l’illusion de le voir débordé, Tom Ripple commence sur son bureau le récit au quotidien de sa vie, des années soixante-dix à l’an deux mille. Passionnante, la vie de ce monsieur Tout-le-monde ? Jugez plutôt. Marié à une femme engagée dans le social, il divorce lorsque ses deux enfants sont adolescents, réside d’abord dans une petite maison de banlieue entouré de voisins dont il parle beaucoup. Ses enfants quittent le nid, il essaie vainement de refaire sa vie amoureuse, déménage plusieurs fois, trouve d’autres voisins dont il parle beaucoup. Sa santé se dégrade. Feu d’artifice d’humour anglais, au début, ce pseudo-journal dérape trop vite dans un magma de ratiocinations plongeant souvent le lecteur dans un abîme de questionnements. Il est pourtant très sympathique, ce Ripple, plus anglais que nature, qui dissèque menu sa vie et ses pensées, use et abuse d’incises. Comment ne pas être touché, ou agacé, lorsqu’il cache avec pudeur ses émotions sous des blagues vaseuses ? Il n’empêche, huit cents pages où il ne se passe que du banal, écrites pas un jeune auteur de soixante-dix ans, c’est un exploit un rien bourratif.